histoire sans paroles
Le léonberg visiteur doit être ingénieux..
C'est ainsi qu'il saura s'adapter aux situations les plus délicates...avec un raffinement très particulier.
Par exemple : boire un grand verre de grenadine sans paille (à moins que ça ne soit de la menthe à l'eau).
Impressionée par tant de délicatesse, nous volons chez nos p'tits papis et mamies.
Denise et Jean étaient très occupés quand nous sommes passés. Malgré tout, Denise a tout laissé tomber quelques secondes pour venir embrasser en courant ses "amours poilus".Tout d'même.
Nous allons ensuite à la rencontre de M. Leroy avec Isabelle, l'aide soignante. M. Leroy n'est pas en grande forme me dit-elle, et il affiche effectivement un air fermé. Pourtant, dès qu'il nous voit, il rayonne.
Faut dire qu'il calcule depuis plusieurs jours déjà, la date à laquelle nous viendrons lui rendre visite...Isabelle me raconte, qu'il parle beaucoup plus depuis qu'on le voit, car il raconte à qui veut bien l'entendre, qu'il a de la visite toutes les semaines, une visite un peu hors norme...
Athos lui fonce dessus pour un léchou de bienvenue.
Ernest salue, mais reste à 1 mètre de M. Leroy, comme ça, il est obligé de se pencher tout ce qu'il peut pour le caliner.
Sympa le léonberg visiteur hein ? Et ce n'est pas fini.
Il faut savoir qu'Athos a passé l'examen de léonberg visiteur avec la spécialité "câlin". Ernest sa spécialité à lui, c'est "motricité." Et il prend son travail très au sérieux.
Après le coup du câlin a un mètre, il lui fait travailler les extensions des articulations interphalangiennes. (Ca vous épate comme on cause hein ?).
Bref, Ernest refait son coup préféré : le coup de balle. "Tu la veux, viens la chercher dans ma gueule" Et ça marche à chaque fois : les doigts se plient, tirent, poussent et se tendent ! C'est un vrai pro.
Parce qu'il faut être un vrai pro pour accepter qu'une main étrangère manipule un museau de la sorte. Et M. Leroy a une grande confiance en eux !
Quand il a la balle, M. Leroy feinte, et rit de bon coeur devant les bonds d'Ernest. Je le trouve très gai, très actif (M. Leroy bien entendu. Faut suivre un peu !) et Isabelle, qui ne nous a pas vu depuis deux semaines me fait remarquer les progrès de M. Leroy, et de son investissement affectif grandissant dans sa relation avec nous.
M. Leroy va partir à l'hôpital pendant deux semaines et nous le retrouverons certainement encore plus souriant qu'avant. Au moment de partir, il m'a dit : "je penserai drôlement à vous quand je serai parti". C'est une très belle confidence, car comme beaucoup d'hommes de son âge, il n'est pas habitué aux mots doux.
A très vite M. Leroy.
Puis Mme Desportes, arrive.
Et là, je me tais. Je ne dirais rien parce qu'il n'y a rien à dire, rien à comprendre.
Juste à rêver d'une vieille dame de 92 ans, coupée du monde par sa surdité et par ses yeux qui ne voient plus...
Avant de partir, elle me dit : "vous êtes comme un médicament, ça me fait de l'effet pour la semaine".
Les 18 et 19 juin : formation chien médiateur.
PS : la première photo est un cliché de Diego, extraordinaire léonberg, trop tôt parti.